"Celleux qui me terrifient le plus sur internet c'est pas les droitard.es ou les exigeant.es, c'est les illuminé.es qui pensent détenir la pureté. Et quand je dis ça, je ne vise aucun camp politique. Ces gens-là peuvent revêtir le masque de la droite comme celui de la gauche. Aucun harcèlement n'est cautionnable. Être persuadé.e qu'on est dans son bon droit est toujours dangereux. Autoriser la moquerie, la diffamation et le harcèlement parce qu'on pense être du bon côté de l'Histoire, c'est aussi lâche que stupide. Quelle vision il faut de soi-même pour être persuadé.e d'être irréprochable et venir reprocher aux autres leurs manquements ? Je vois toustes ces blanc.hes qui traitent les autres de sales blanc.hes parce qu'iels sont elleux-mêmes blanc.hes. Ça y est, vous avez compris un jour qu'on avait fait de la merde, et vous voulez qu'on vous donne un bon point pour votre grandeur d'âme ? Vous parlez de distribuer des cookies parce que vous adorez vous goinfrer dans la boite à ego ? Pourquoi il y a des antispécistes qui viennent expliquer des choses nécessaires comme la dissonance cognitive ou l'exploitation animale, et d'autres qui utilisent ce savoir pour asseoir leur supériorité morale au lieu de chercher à convaincre ? C'est pas humain, trop humain, ça ? C'est quoi ces pyjs qui se pensent dissident.es parce qu'iels ont vu trois vidéos sur le complot, qu'iels ont compris que le journalisme en France n'est pas neutre et qui sont pourtant les premier.es à boire les paroles de gourous qui utilisent les mêmes travers médiatiques que celleux qu'iels dénoncent ? Ça y est maintenant, dès qu'on croit qu'on a décodé un truc, il faut absolument se moquer des autres, des pigeon.nes, des mouton.nes ? Votre esprit critique s'arrête aussi vite ? C'est drôle de voir que celleux qui ont popularisé le dog pilling, le outing, la dénonciation, l'infiltration, la citation tronquée, la censure et la pression sont les premier.es à s'en plaindre. C'est difficile de cocher toutes les oppressions sur son bingo. Il manque toujours des trucs, surtout quand on a un accès à internet et qu'on sait utiliser les outils numériques et s'exprimer.
Un conseil : cherchez toujours ce qui manque. On affiche toujours moins ses privilèges que ses souffrances.
Vous faites chier. Vous faites chier à tirer la politique et l'internet vers le bas. Vous prouvez qu'on vaut pas mieux que ça, qu'on dénonce l'individu.e, l'autre, parce que c'est toujours plus facile et que ça marche mieux. Vous faites partir les indécis.es vers le ni-de-droite-ni-de-gauche neuneu, vers la neutralité à deux balles, parce que c'est le seul endroit où iels ont l'impression que les gens ont pas envie de s'entretuer. Ça sert à quoi de citer de la sociologie à tour de bras, si c'est pour toujours juger et jamais comprendre ? Si c'est pour culpabiliser au lieu de dénoncer les systèmes et les oppressions ? Personne n'est irréprochable. Et quitte à continuer d'utiliser le modèle judéochrétien de la culpabilité, il faudrait qu'on adopte aussi celui du pardon. On n'a jamais l'entièreté du contexte de quoi que ce soit, et les médias et les réseaux sociaux font de nous des juré.es permanent.es. Toute cette justification, cette transparence, ce besoin permanent d'avoir à justifier mes origines sociales, mon orientation sexuelle, mes choix et mes erreurs, toute cette pression, elle me vient de cette forme de police de la pensée. Elle me fait souffrir, me fait lever tous les matins avec dégoût et désespoir, me fait croire au monstre qu'on me dit que je suis.
Tôt ou tard, de toute façon, les violent.es que vous êtes finissez surtout par vous en prendre à votre propre camp. Il faut dire, c'est plus facile de se faire des gens qui sont moins avancés que nous sur un sujet juste pour le plaisir de la moquerie, plutôt que de s'emmerder à travailler sa pédagogie. Le pire, c'est que ces hypocrites ne croient pas au pardon et pourtant le veulent pour elleux-mêmes et leurs actes. Regardez comme cette habitude de la violence a fait de nous des humain.es où le standard, c'est l'humiliation, où la réponse, c'est de culpabiliser, de vouloir punir, où l'on croit que la justice, c'est traîner dans la boue quelqu'un.e sur la place publique ad vitam æternam. Il n'est même plus possible de faire ce constat sans risquer de se voir jeter dans la fosse à son tour, et il est désespérant de voir que cette mauvaise foi participative tient par l'anonymat, tient par celleux qui par peur de briser cette omerta perpétuent des comportements qu'iels regretteront le jour où iels en seront victimes à leur tour. La violence, l'envie de domination, la vengeance aveugle et maladive elle n'est pas réservée à un camp, elle n'est pas réservée à un genre, elle n'est pas réservée à une attitude.
Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit : je crois en la radicalité. Je sais comme la souffrance rend haineux.se et donne envie de se venger. Mais ce qui sépare du monstrueux, c'est de ne pas devenir l’abîme à force de la subir ou de la regarder. Arrêtez d'appeler justice ce qui est de la violence. Le système ne vous plaît pas ? Alors allez-y, travaillez, développez votre pédagogie, réfléchissez à comment faire bouger les choses sans que cela rajoute nécessairement plus de souffrance dans le monde. Il y en a déjà trop. Pourquoi rendre toute existence corporelle ou numérique hostile ? L'insécurité n'est-elle pas notre ennemi commun ? On a pas déjà suffisamment de flics dans nôtre tête ? Conscientiser, déréaliser et politiser nos expériences de vie, nos souffrances et nos angoisses, ça peut aussi nous épargner des dérives émotionnelles, nous aider à prendre des distances avec les passions destructrices qui nous guident. Perpétuer un malaise social sous couvert de narratifs et d'une bien-pensance étouffante, c'est perpétuer le cycle de nos peines."
adios
still there?
hey listen
get out
come on